Dans le dernier numéro d’un magazine bien connu de ses lecteurs, un psychanalyste distingué, ce qui est un pléonasme, fait une analyse (forcément…) étonnante, mais originale, et pleine d’humour du fameux chip Dante au logis de qui vous savez, au trou que vous savez, et qui sera peut être dans 95 ans considéré comme « le coup du siècle » par nos petits enfants, lorsque Michel Drucker les fera voter par SMS sur TF1.

 

Si ce psy a suffisamment d’humour pour venir un jour sur le forum, on va bien se marrer, et en plus, il trouvera plein de clients…

 

Il place son analyse sous l’angle de la psychanalyse, mais on pourrait tout aussi bien lui donner un éclairage philosophique.

 

En effet, joueurs invertébrés comme nous le sommes, nous avons tous remarqué un jour ou l’autre que sur un chip ou sur un long putt, lorsque l’on VEUT vraiment rentre la balle dans la caisse, si l’on a vraiment la volonté de la rentrer, ce passage du « vouloir » en surmultipliée fait que parfois, pas toujours, mais parfois, la balle rentre, et l’on se trouve soi-même surpris d’avoir réussi un coup aussi difficile.

 

Elle rentre comme poussée non plus par la face de club, mais par la puissance de la volonté.

 

En tout cas une chose est certaine, elle rentre moins souvent si l’on ne fait pas cet effort de volonté pour la rentrer.

 

Cet effort demande d’aller puiser profond dans ses réserves d’énergie, au risque d’en manquer au trou suivant, réserves parfois alimentées par la concentration, mais également par la colère ou la frustration, puisque cela arrive souvent lorsque l’on veut se venger d’un mauvais coup réalisé au trou précédent.

Certains d’entre vous se souviendront peut-être, exemple récent, de Thomas Levet ratant un mini-putt au MCI Heritage, puis entrant un chip au trou suivant, de rage.

Difficile de savoir, mais il est presque certain qu’il n’aurait pas entré ce chip s’il n’avait pas raté le petit putt avant. C’est ma théorie, elle vaut ce qu’elle vaut.

 

Mais cette énergie peut également être puisée dans la volonté de puissance, je veux dire dans la volonté de gagner le tournoi, de redevenir le maître des maîtres, le number one, le sommet de la pyramide, comme ils disent dans « l’Etoffe des héros », bref, faire preuve de cette Volonté avec un grand « V », signe distinctif de la maîtrise et de la force.

 

Alors amis Nietzschéens ?

Volonté de puissance ou puissance de la volonté ?

 

En tout cas, une chose est certaine, là où il y a une volonté, il y a un chemin pour la balle, c’est ce que disait Lénine, ou Lucky Luke Donald, je ne sais plus. Ceci est confirmé par Balzac, quand il explique que la puissance ne consiste pas à frapper fort et souvent, mais à frapper juste pour que la balle entre dans la caisse.

 

Et voilà ce que donne un coup trop difficile imaginé par un joueur trop humain.

Tiger a lu Bachelard il sait qu’il faut que la volonté imagine trop pour réaliser assez.

 

A l’évidence, ce chip du 16 est un coup que l’on pourrait qualifier de « surhumain », mais comme l’explique fort aimablement Nietzsche, tout ce qui est grand et fort est conçu par l’homme comme surhumain, et ne peut être donné que par la grâce…

 

Plus je médite là-dessus, plus je me dis que le coup de grâce porté à DiMarco a été donné par la grâce.

Mais la grâce, elle, n’est pas donnée à tout le monde…

 

Patrick Micheletti