Hé bé figurez-vous que c’est une longue histoire, mais vous me connaissez, je vais résumer, évidemment, comme un vrai Zébulon.

 

Il se trouve que vers la fin des années 80, à la suite d’un check-up complet effectué à ma sortie de Charenton, la faculté, dans son infinie mansuétude, me conseilla vivement (disons fermement) la pratique régulière d’un sport de combat, de manière à tenter de canaliser à la fois mes tendances velléitaires, mon instinct de tueur et mes pulsions de meurtre.

 

Le golf semblait tout indiqué, mais cela de me disait rien de prime abord, à l’époque, fallait montrer patte blanche, avoir des parrains, comme en Sicile, du pognon, de la classe, et des tas de relations avouables, bref, j’avais pas le profil.

 

J’ai d’abord essayé le football, je me suis rasé le crâne pour impressionner le blaireau, acheté un tee-shirt PSG en soie naturelle, des bas de laine pour l’hiver, et des protège-tibias pour l’été.

Quand mes nouveaux amis ont commencé à me renverser sur la pelouse pour me bécoter, j’ai rien osé dire, j’ai pensé que c’était une sorte de rite initiatique, qu’il fallait y passer, mais quand ils m’ont demandé pourquoi je ne voulais pas me mettre tout nu avec eux sous la douche, j’ai compris que ça allait pas le faire…

Alors j’ai réfléchi, et je me suis dit : « Pourquoi pas le rugby ? » C’est combat aussi, non ?

Je me suis inscrit à l’école du mercredi du Stade Français dans le but de séduire une certaine Nathalie, que j’aime secrètement depuis des années, mais qui ne se laisse cajoler que par des membres de l’ovalie parisiens d’adoption.

Fûté, hein ?

Mais bon, c’était pas drôle, je me suis vite rendu compte que je n’avais pas les fesses suffisamment musclées pour les photos, je restais tout le temps sur le banc à couper des citrons et subir les quolibets des groupies, et après, on m’envoyait en rigolant faire du porte-à-porte pour vendre des calendriers pour hommes dans les bars du marais…

Merci les sports co

 

Alors j’ai essayé la pétanque, travaillé la technique, me suis fait filmé en vidéo pour corriger les défauts, des films de boules qu’y disaient, mais je roulais par terre après deux jaunes, et les boules, en fait, ça me les foutait.

 

La montagne, c’était trop haut, la mer, trop profond, le surf, trop fun, le parapente, trop para et pas assez pente, le base-ball, c’était pas ce que je croyais, le basket, ça me passait au-dessus de la tête, le tir à l’arc c’était bien, quand je parvenais à le bander, l’arc, en vélo, je montais pas les cols, en aviron, je ramais, pour le triathlon j’étais trop lourd, trop léger pour l’haltérophilie,  trop lent pour battre Maurice Greene, allergique au chlore pour suivre Manaudou, trop petit pour la hauteur, trop musclé pour la musculation, trop tachychardique pour le squash, trop grand pour mon âge, trop fénéant pour le marathon, trop nerveux pour le snooker, trop maladroit pour les fléchettes electroniques, trop blanc pour le sprint court, trop trouillard pour la moto, j’ai le vertige dans les rochers de la forêt de Fontainebleau, je tombe sur le cul en roller, je passe pas le filet au tennis, je saute pas au volley…

 

Au biathlon, j’étais pas mal en position du tireur couché, mais j’ai voulu supprimer le truc à ski, et ils ont refusé.

Au bowling du jardin d’acclimatation, je passais mon temps à observer les joueuses en minijupe avec des tas de collègues scotchés, c’était pas productif.

 

Je me suis dit qu’il fallait que j’innove, que je tente quelque chose d’original, et j’ai essayé le saut à la perche. Je sautais pas mal, mais je ne parvenais jamais à retomber dans cette foutue fosse de réception en mousse… Ca me faisait mal à chaque fois, vous pouvez pas savoir… Jusqu’au jour où je me suis niqué la rotule et tous les trucs qui vont autour, j’ai arrêté, par la force des choses, tout comme Ernie Els a arrêté son entraînement pour la coupe de l’America, dans laquelle il sera remplacé par  Jean Galfione, tout se tient.

 

J’ai réfléchi plus fort encore, et je me suis dit que la Voie, c’était certainement les arts martiaux.

J’ai tenté le Taekwondo, mais là, je suis tout de suite tombé sur un nommé Pascal, pas Gentil du tout, contrairement à ce que laisserait sous-entendre son pseudo. A l’Aïkido, j’avais le masque, au Sumo, j’ai filé en courant, et au Muay Thaï, j’étais barré par Tony Jaa.

 

Alors je vous pose la question : A votre avis, il me restait quoi ?

 

P Micheletti 10/05