Avec
leur bombe atomique, y nous détraquent le temps...
Que faire...
Puisque Reeval a raconté sa mort, allez, tiens, je vais vous
raconter ma maladie...
Tout a commencé il y a deux ans, ou trois, je sais plus...
c'est dans ma tête, mais j'ai du mal à ouvrir les tiroirs...
Il a failli venir...
Souvenez vous : Le feuilleton de l’année
de la venue de Tiger au Lancôme...
D’abord ce fut un bruit qui
court, un serpent de mer...Puis les pages de couverture, et le grand
élan lyrique des éditorialistes...
IMG ménageait le suspense
style « On n’est pas sûrs, mais oui, peut-être, c’est en bonne
voie... » Alors que tout était signé depuis longtemps : Je le
savais, Tiger me l’avait confié à la buvette du National, entre deux
renvois de coca, quand il était venu aux Championnats du monde
amateur en 1994...
Oui, il viendrait au Lancôme.
Et si ce
n’était pas en 2001, ce serait peut-être en 2002, mais plus
certainement en 2003... ou en 2004...
Planning chargé jusqu’à
2007.... Bon...
Mdrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr... Constatant que Tiger, finalement, s’en
contrefout, on supprime carrément le tournoi...
Mdrrrrrrrrrrr, on aurait pu vendre des dizaines de milliers de
places à 50 euros, (c’est donné !) Plus quatre dollars pour la
navette gratuite, et même pour le pro-am, monsieur, oui, même pour
le pro-am !
Souvenez-vous, mes frères...
Au fil des mois, la rumeur enflait. Bien avant septembre, Tiger
occupait déjà le terrain médiatique comme aucun autre joueur ne
l’avait fait avant lui. Golf Digest sortait sa version Française,
toute à la gloire du Dieu vivant. Les autres revues golfiques
suivaient allègrement, France Golf ouvrait son site internet, sur
fond rouge et noir, forcément, puis la télévision, la radio,
l’Equipe Magazine, les vidéos, les jeux, les polos, les chaussettes,
les montres, les lunettes, les balles, et... les pompes à 1600
balles...
A longueur de pages, Maître Butch et son disciple vous
expliquaient (ils vous expliquent toujours, mais comme vous avez
oublié, ils ont raison d’en remettre une couche...) comment tourner
les épaules à 120 degrés sans se déchirer le dos, comment faire
pivoter ses hanches vers l’avant à la vitesse d’un cheval au galop,
comment putter fin, chipper souple, sortir des bunkers en souriant
gibbs, et toiser gentiment ses adversaires du regard, juste après
avoir punché un coup de fer 2 à 230 mètres...
Bref : On sentait venir la déferlante, et au final, elle déferla.
Début septembre, à cette fameuse et douloureuse époque qui nous
rajeunit pas, j’avais pris en main les quatre magazines de golf
nationaux, et je m’étais livré à une petite enquête : Au total, le
nom de Tiger Woods était cité 471 fois, et sa photo publiée en 84
exemplaires...
André-Jean préparait depuis des mois une
interview dont Tiger avait préparé les réponses depuis quinze
ans...
Spectaculaire, certes, mais pas douloureux. Du moins sur le
moment...
Moi, j’ai pas tenu...
J’ai ressenti les premiers symptômes
seulement lorsque des collègues de travail, non-golfeurs et
totalement profanes, se sont mis à m’expliquer en détail comment
Tiger avait terrassé Jim Furyk, dans le play-off du NEC
Invitational...Ils avaient veillé jusqu’au milieu de la nuit pour ne
rien rater de l’affaire...
Dans mon pro-shop, il n’y avait plus
que des chemisettes rouges et des pantalons noirs. Les autres
couleurs ne se vendaient plus...
J’ai commencé à faire des
cauchemars...
Je me voyais escaladant le fairway du 18, à
Augusta, Tiger marchant devant moi dans la brume. Il plaisantait
avec son caddie, jonglait avec son sand-wedge, en attendant que je
veuille bien taper mon bois 3 vers le green... Il y avait un tigre
en face, dans la pinède, qui m’observait...Je me suis réveillé en
sursaut, avec des sueurs froides, et des crampes dans les
mollets...
J’avais besoin de vacances...Partir loin, sans télé ni
magazines. Une sorte de cure...Fuir le Tigre en me terrant au fin
fond du désert d’Arabie... Non. Trop près de Dubaï... Mauvais
plan.
La jungle Birmane, peut-être...
Je me suis enfoncé dans
la forêt, loin, trop loin...Perdu et affamé, j’ai dû me réfugier
dans les ruines d’un temple, pour me mettre à l’abri de la mousson.
Sur les bas-reliefs, dans la lueur de ma torche, les visages du
Bouddha avaient une expression sereine et indulgente. L’expression
de Tiger à Pebble Beach, quand il avait touché le Nirvana du golf...
Rien ne pouvait plus atteindre ces visages de pierre, qui semblaient
dire : « Bonjour ami, Il paraît que tu veux te mesurer à moi ?...Je
suis à ta disposition... »*
Je suis rentré à la maison pour me faire soigner sérieusement.
Mon médecin a diagnostiqué une « Tigerite aiguë », et comme je
suis abonné à de multiples publications golfiques, il m’a conseillé
d’attendre encore un peu avant d’ouvrir ma boîte aux lettres...
Aujourd’hui, ça va. Je remonte la pente... J’ai freiné sur les «
Golf Digest »... Juste un, comme ça, la nuit, dans les toilettes...
Mdrrrrrrrrrrrr... où je les ai cachés ?...........
Je vous jure, je vais mieux....
* Cette réplique (authentique) a été lancée par Tiger Woods à un
de ses adversaires juste avant un tour de match-pay de l’US amateur.
Sur le ton de la plaisanterie, cela va sans dire...
Tiger est un
sacré boute-en-train de chambreur, on le sait bien... un
comique-né...
Tiger, sur le forum !
Edited by - patrick.micheletti on 27/11/2003
12:51:01