Lettre à Karine

 

Le golf du Val de l’Indre, vous connaissez ? C’est pourtant un parcours qui ne doit pas manquer de qualités, puisque c’est là-bas que Karine Icher a appris à jouer au golf.

Jusqu’au mois d’aôut 2001, je ne connaissais pas Karine Icher. J’avais seulement suivi de loin sa progression, et aperçu sa bouille souriante de jeune golfeuse en bonne santé, l’année dernière, sur cette fameuse photo de groupe, à la remise de la coupe des championnats du monde amateurs.

Et puis il y a eu ses débuts prometteurs sur le circuit pro, et un certain Open de Suède, diffusé en pleine canicule par Pathé-Sports.

Là bas, le climat n’était pas franchement caniculaire... On sentait bien la proximité du Grand Nord, avec pluie glaciale, vent soutenu, et tenue d’hiver bonnet compris pour toutes ces dames...Beaucoup de spectateurs malgré tout, des Suédois connaisseurs, qui savent qu’il est beaucoup plus intéressant de voir ces remarquables joueuses en action, que d’apercevoir la casquette de Tiger Woods, en se hissant sur la pointe des pieds, derrière cinq ou six rangées de spectateurs...

Cette ambiance polaire ne faisait ni chaud ni froid à la proette Française, qui, avec ses joues roses et son backswing à la John Daly, alignait les birdies les uns derrière les autres, jusqu'à compter six coups d’avance sur la deuxième, et douze sur une Laura Davies admirative, qui en a pourtant vu d’autres...

Karine se sentait dans une bonne semaine, et espérait que ce serait pareil pour le dernier tour.

Mais voilà...

Une balle dans l’eau au 1, avant le coup de grâce du 17, la pluie, le froid, quelques spectateurs un peu bruyants, la meute des meilleures joueuses européennes lancée à vos trousses, et cette belle avance qui fond, qui fond, au fil des trous, comme neige au soleil, si l’on peut dire, jusqu'à ce fatal trou numéro onze, où la vit prendre quatre putts, plus un point de pénalité pour jeu lent.

Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé sur ce green  (Karine le sait-elle ?) Ce que je sais, c’est qu’il y avait eu avertissement verbal collectif avant, et je sais aussi que les pros doivent donner l’exemple. Mais entre donner l’exemple et faire un exemple, il y a une marge : Coller un point de pénalité à une joueuse professionnelle novice sur le circuit, pour un dépassement de  temps de seize secondes, ( 96 secondes au lieu des 80 autorisées ), alors qu’elle se bat, sous la pression et dans des conditions difficiles, pour gagner son premier Open, c’est une décision qui est bête, méchante, et qui ressemble fort à un excès de zèle.

 

Qu’aurait fait le dit « arbitre », s’il s’était trouvé dans la même situation avec en face de lui un Langer glacial ou un Montgomerie de mauvaise humeur ? On prend les paris ?...  Pour être plus clair, savez vous combien de temps David Toms a pris pour jouer son fameux deuxième coup au dernier trou de l’USPGA ?  153 secondes . Pas une de moins. L’arbitre du tournoi aurait pu lui infliger un point de pénalité. Il était en droit de le faire, mais il ne l’a pas fait, tout simplement parce que dans un bon arbitrage, il y a, au delà de la stricte application de la règle, une notion supérieure, que l’on appelle « l’Esprit du jeu »

L’Esprit du jeu a été respecté à l’USPGA, pas en Suède.

 

En tout cas, le plus émouvant dans cette petite mésaventure, ce fut l’interview de Karine, à la fin de son parcours, où elle expliqua les larmes aux yeux et des sanglots dans la voix qu’elle n’avait pas bien compris la sanction, et qu’elle était contente de finir deuxième, et puis qu’après tout, « c’était ça le golf... »

 

Non, Karine, ce n’est pas ça le golf. Ca, c’est le passé.

Le golf, c’est ton avenir. 

Le golf, c’est cette première victoire acquise rageusement quelques jours plus tard à l’Open d’Allemagne, point de départ d’une longue et belle carrière professionnelle, qui te conduira au pays enchanté des « Cadors » du golf, avec les Sorenstäm, les Webb, les Mickelson, et autres David Toms. Car comme le dit fort bien Souchon :

 

« Les Cadors on les retrouve aux belle places, Nickel !

« Les autres c’est Saint-Maur, Chateauroux Palace, plus de ciel... »

 

Mais au fait, le golf du Val de l’Indre, ça serait pas du côté de Chateauroux ?... 

 

 

PATRICK MICHELETTI

http ://asafgolf.free.fr

 

cet article sera publé dans "golf européen" d'octobre 2001

 

Et pour en savoir plus sur Karine Icher : www.ladieseuropeantour.com ou www.golfouest.com

ou encore le site qui suit de près le golf féminin ! bssgolf.ovh.org

 

 

 


 

 

 

 
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