La ballade des mordus

 

Frères mordus qui après nous jouerez

Ayez les mains sur le grip endurcies

Car si vos balles hier avaient slicé

Dieu sait où elles iront s’égarer aujourd’hui.

 

Vous nous voyez gratter nos fers cinq, six

Et des espoirs que trop avons nourris

Ils sont bogeys devenus, pas birdies.

Quand au fairway que trop avons meurtri

Il est divot, rapiécé et charpie.

De nos sockets les grenouilles se rient

Mais Saint Andrews voudra bien nous absoudre

 

Si parfois vous laissons au bord du trou putter

Avec dédain, vous qui fûtes détruits

Par les yips, à force de trembler,

C’est qu’à ce jeu les tendres sont bannis

Pardonnez nous mais sommes faits ainsi

Respectés, certes, mais incompris,

Le mot « donné » de nos cœurs est sorti

Après avoir appris à en découdre

Vous serez morts quend nous seronts gentils

Mais Saint Andrews voudra bien nous absoudre

 

 

 

 

 

La pluie dans nos tenues a pénétré

Et le soleil avant l’âge vieillis

Pies et corbeaux nos balles ont dérobé

Et nos visières ont usé nos sourcils.

Jamais nulle part nous ne faisons birdie,

Forçant nos coups contre le vent maudit

Qui par malin plaisir nous humilie.

Autour de trous devenus dés à coudre,

Nous rassemblons d’étranges confréries,

Mais Saint Andrews voudra bien nous absoudre

 

Prince Tiger, toi qui as tout compris

Vois notre enfer, conseilles et compatis

Toi qui sais aussi bien faire parler la poudre

Te voir ainsi driver nous fait baver d’envie

Mais Saint Andrews voudra bien nous absoudre

 

 

Patrick Micheletti

(D’après « La ballade des pendus » de François Villon)