Un sport de silencieux ?

 

 

Avec le développement du câble et du satellite, le golf professionnel est maintenant bien installé sur nos petits écrans.

Le golf à la télévision, c’est beaucoup de belles images, mais c’est aussi beaucoup, beaucoup de commentaires…

 

 

Les vétérans se souviendront de l’époque des vaches maigres, quand le golf à la télé, c’était quatre tournois par an, du grand chelem, certes, mais quatre seulement, et quelques effluves de Lancôme, en septembre, que l’on enregistrait avec soin, en prévision des longues semaines de disette, jusqu’au Masters, début avril.

On se régalait, et on se régale toujours, des brushings et des commentaires impeccables du tandem Lafaurie-Pascassio, particulièrement sur ces coups « très très très difficiles » où bien sûr, « tout peut arriver », mais « rassurez-vous… »

Puis déboula Nelson, à bride abattue, commentant la montée du fairway du 18, comme on le ferait de la ligne droite d’Auteuil, celle qui longe le practice… Nelson, moins fort, ironisaient les grincheux, mais on était bien contents de l’avoir cette heure du golf, qui ne durait que trente minutes.

Quelques longues années plus tard, on nous offrit les deux derniers tours du circuit US, puis du circuit européen. L’avènement de Tiger Woods accéléra encore la médiatisation.

Aujourd’hui, il faut être un virtuose du magnétoscope pour ne rien louper entre les diffusions nocturnes, simultanées, les horaires fantaisistes, et les rediffusions sur Eurosport, Sport plus, Paris première, d’autres encore… On diffuse même des magazines, le Challenge Tour, et enfin, vrai bonheur, quelques tournois féminins, bien trop peu…

Beaucoup d’images, donc, et forcément, beaucoup de commentaires.

La formule magique Lafaurie-Pascassio, un journaliste un consultant, ayant fait ses preuves, elle s’est généralisée.

Delmotte-Larretche, solide foursome, avec un rythme un peu heurté pour le premier, que le second pourrait lui corriger en trois leçons. Incollable, Larretche (Dominique bonsoir), sauf sur le Texas-wedge, qui comme son nom l’indique, est un coup de putter, inconnu au pays Basque, forcément, c’est un coup pour terrains desséchés…

Et puis il y a aussi Fabrice Balédent, grand maître du suspense et du point de suspension, Patrice Barquez, le Pic de la Mirandole du circuit européen ! Demandez lui quelles céréales Bernhard Langer a pris au petit-déjeuner le matin du troisième tour du German Masters 1999, il vous le dira ! Géry Watine, qui nous décrit avec gourmandise les parcours ultra-privés de la région parisienne, en nous encourageant vivement à venir les jouer… Mais comment ? Il a des invitations Géry ? Guy Forget peut-être ? Ou Jean-Etienne Laffitte ? J'en oublie ? Je suis sûr qu'ils me pardonneront…

J’ai gardé les meilleurs pour la fin… Les enthousiastes, les mordus, les intarissables. Fabrice Tarnaud et Christian Ledan. Incroyable ce que ça peut devenir bavard deux joueurs de golf mis ensemble ! Le déluge verbal de ces deux-là ne vous laissera pas une seconde pour respirer. Ils ont pris des cours du soir avec Nelson ? Fait des stages avec Trevino ? Allons… Inutile de nous réciter sans cesse le manuel des règles et des  superlatifs, ou de nous répéter que la sortie de bunker à quarante mètres est « Le-coup-le-plus-difficile-du-golf » on a payé pour le savoir ! Inutile de nous expliquer que la balle est trop longue, trop courte, pas assez à droite, ou trop attaquée (virgule) on le voit à l’image, je vous assure les gars, on a la télé ! Par pitié, faites comme vous dites « une petite pause », de temps en temps, comme vos confrères du tennis, laissez-nous savourer les images. Ne vous inquiétez pas, on sait que vous êtes des connaisseurs, on a besoin de vos conseils, mais le silence des fairways au petit matin, c’est tellement bon ! Un des plus grands plaisirs du golf. Et puis souvent, ce qui arrive à un joueur sur un parcours ne nécessite pas d’explications, tout simplement parce que c’est inexplicable. C’est ce qui fait le charme du jeu et la fortune des « mental coaches »

Croyez-moi jeunes gens, si l'on veut progresser au golf, on a tout intérêt à écouter les conseils des anciens. Dominique Larretche, en vieux routier  (j'ai pas dit vétéran) des fairways, nous distille souvent, avec sobriété et pertinence, quelques précieuses leçons tirées de l'expérience. Un peu de technique, un peu de tactique, un peu de bon sens.

Je me souviens l'avoir entendu dire un soir, en relevant je ne sais quelle fanfaronnade lancée par un joueur : « Au golf, parfois, il faut savoir se taire… » C’est le conseil d’un sage.

Ok, ok… Je me tais.  

 

 

 

PATRICK MICHELETTI